Culture, Vie des quartiers

Mémoire vive : à l'Émaillerie, l'émail rit

Les nombreux bâtiments industriels qui existaient autrefois dans la ville ont disparu depuis longtemps, et il est souvent difficile de reconstituer leur apparence même si leur localisation nous est connue. Cependant, grâce à de nombreuses objets qui ont traversés les époques, il n’en va pas ainsi pour l’entreprise l’Émaillerie parisienne, fondée par Gabriel Odelin...

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C'est à travers le document administratif, L'État des communes, Boulogne, notice historique et renseignements administratifs, publié en 1905, que nous pouvons découvrir l'historique de cette entreprise boulonnaise : "L’émaillerie parisienne, située nos 67 et 68 quai du Point-du-Jour, à Billancourt, où elle occupe une superficie de 7680 mètres carrés, a été fondée en 1892 par Gabriel Odelin. Le nombre de ses ouvriers varie de 275 à 320 suivant la saison, et l’énergie dont elle dispose est produite par une machine à vapeur horizontale Weyher et Richemond, de 80 chevaux, et deux turbines à vapeur de la société Laval, l’une de 120 chevaux, l’autre de 10. La fabrication, consistant en ustensiles de ménage, de toilette et d’hygiène en tôle émaillée ou étamée, trouvait ses principaux débouchés, comme celle du précé- dent établissement, dans les bazars ainsi que chez les quincailliers et marchands d’articles de ménage, d’accessoires de pharmacie et de chirurgie. La maison possède de nombreuses machines-outils, telles que presses à découper et à emboutir, balanciers à friction, tours ronds et ovales, sertisseuses, agrafeuses, moulureuses, compresseurs d’air, sableuses…"

Cafetières, fontaines, casseroles, soupières, seaux de toilette, brocs, cuvettes, bougeoirs, égouttoirs, plats, boîtes à sel...

Mais ce n'est pas tout ! En glannant des informations dans les archives, nous pouvons décrouvrir des vues des batiments à travers des documents, tels que des papiers à en-tête ou des cartes postales. Grâce aux annuaires commerciaux, nous pouvons notamment comprendre que l'entreprise a fonctionné jusqu'au début de la Seconde Guerre mondiale. Ses productions sont celles de toutes les usines de tôle émaillée, à savoir des objets ménagers que l’on a plaisir à redécouvrir dans les greniers ou à admirer dans les brocantes : Cafetières, fontaines, casseroles, soupières, seaux de toilette, brocs, cuvettes, bougeoirs, égouttoirs, plats, boîtes à sel, séries de boîtes portant l’inscription de leur contenu : poivre, épices, thé, farine, café, sucre, pâtes… Ou encore des plaques de cuisine pour accrocher cuillère, égouttoir, louche, écumoire… Et, bien sûr, les célèbres plaques publicitaires, dont on trouve aujourd’hui de belles reproductions.

Véronique Quellier-Guillois, dans son ouvrage La cafetière de ma grand-mère, raconte l’histoire des objets ménagers en tôle émaillée au charme d’antan. Elle nous donne même à voir quelques modèles provenant avec certitude de la fabrique boulonnaise puisqu’ils en portent la marque officielle – émaillerie parisienne G.O. (pour Gabriel Odelin) –, composée d’un blason encadré par deux soldats, qui vous permettra de les reconnaître si vous avez la chance d’en découvrir des exemplaires.

Plusieurs usines de ce type existaient au début du XXe siècle à Billancourt et étaient géographiquement très concentrées. À proximité de l’Émaillerie parisienne se trouvait aussi celle du Coq gaulois (Japy), située aux 91-95, rue du Point-du-Jour, soit à l’emplacement de l’école Ferdinand-Buisson.

Françoise Bédoussac

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