Boulogne-Billancourt Art déco, page 65 : Maison-atelier à l'angle du 2, rue Gambetta et du 1 bis, rue Jean-Baptiste-Clément (1928) - Architecte : Pierre Patout (photo Laurent Thion)

Culture, Architecture, Histoire

Balade Art déco dans le quartier des Princes

Si l’Art Déco est présent dans tout Boulogne-Billancourt, comme en témoigne le beau livre "Boulogne Billancourt Art Déco" (Éditions Faton) piloté par la Ville, il est particulièrement présent dans le quartier des Princes. Le parcours des Années 30, organisé par l’OTBB, en permet une découverte documentée. On peut aussi prendre le temps de la balade... Quelques pistes avec l’auteur Emmanuel Bréon.

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60-62, rue de la Tourelle

Pour Constant Lefranc (1885- 1972), architecte du mythique Hôtel Georges-V à Paris, on ne peut faire moins luxueux pour cette réalisation d’un groupe de cinq immeubles de rapport à Boulogne-Billancourt. Le commanditaire est une très ancienne compagnie d’assurances, l’Urbaine Vie. Pousse alors l’un des plus beaux ensembles Art déco de la ville. Pour affirmer la marque du propriétaire, Constant Lefranc confie au plus grand ferronnier de l’époque, Edgard Brandt, l’exécution des balcons de pierre de taille, ajourés du sigle en fer forgé de la compagnie : un remarquable U doré sur un fond composé d’un treillis noir. Ce détail Art déco donne toute son élégance à l’ensemble. Héros de l’exposition des Arts décoratifs de 1925, le ferronnier a ouvert une succursale à New York, FerroBrandt, pour habiller nombre de gratte-ciels américains.

9, rue Gambetta

Cette belle mosaïque orne l’un des splendides hôtels particuliers de la rue Gambetta, dont on ne connaît pas l’architecte. D’esprit Sécession viennoise, la mosaïque, toute aussi anonyme, conjugue cabochons dorés et carrés de bulles blanches. Ces dernières rappellent les "météores" de l’ensemblier et ébéniste Jacques-Émile Ruhlmann, pape de l’Art déco.

17, rue Gutenberg

La corbeille et la coupe, débordantes de fleurs et de fruits, sont les motifs le plus utilisés par les architectes ou ensembliers de l’Art déco. On les retrouve déclinés sur plus d’une centaine de maisons et d’immeubles de la ville, du nord au sud. Les concepteurs de cet immeuble de la rue Gutenberg s’en sont donné à cœur joie. La corbeille habille ses murs comme ses frontons. Elle est d’une rare fantaisie, presque maniériste, avec ses pompons élégants fermant la composition générale.

Hôtel particulier Renard (19 bis, avenue Robert-Schumann)

André Malraux, qui l’a habité dix-sept années, disait de cet hôtel particulier qu’il avait "quelque chose de hollandais des années 20". C’était bien vu, car son architecte Jean-Léon Courrèges était un spécialiste du "régionalisme" Art déco. Ce haut fronton à décor de fleurs, de grappes de raisins et de masques de faunes se retrouve dans le nord de la France, en Belgique et aux Pays-Bas. Au centre de ce riche bas-relief, un oculus de forme octogonale, éclairant le grenier, marque le style de la maison et permet de la dater avec certitude, l’octogone étant la forme la plus utilisée des tenants de l’Art déco.

Photos : Laurent Thion
Boulogne-Billancourt Art déco, en vente sur faton.fr