Les studios de Boulogne-Billancourt
Les studios de Boulogne-Billancourt

Aménagement urbain, Cinéma, Expo, Histoire

Boulogne-Billancourt, terre de cinéma

Des films légendaires ont été tournés dans les studios de Boulogne et de Billancourt. La ville perpétue aujourd’hui son histoire d’amour avec le cinéma. Clips, longs-métrages, publicités… chaque année, plus de 60 demandes de tournage sont adressées à la Ville. Cinémas Landowski, Pathé (Grand-Place et bientôt, Ile Seguin)... Le point sur l'offre cinématographique à Boulogne-Billancourt.

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La Grande Illusion, de Jean Renoir, Hôtel du Nord, de Marcel Carné, Le Jour se lève, avec Jean Gabin… Ces chefs-d’œuvre du 7e art ont été tournés dans les studios de Billancourt. L’Auberge rouge, de Claude Autant-Lara, et Notre-Dame de Paris, de Jean Delannoy, ont de leur côté été tournés dans les studios de Boulogne fondés en 1941 (aujourd’hui propriété du groupe Vivendi). Plus de 300 longs-métrages en tout. Ces souvenirs ont fait de Boulogne-Billancourt la ville du cinéma et un environnement de choix pour les équipes de tournage actuelles. Elles apprécient la diversité de notre ville, qui a l’avantage de posséder plusieurs types d’architecture.

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A voir jusqu'au 10 juillet 2022 au musée des Années 30 : Jean Gabin. L'exposition

Le cinéma Landowski, la salle "art et essai" de l’Ouest parisien

La salle de cinéma classée "art et essai" de l’espace Landowski, créée en 1999, est labellisée "Recherche et découverte / Jeune public et patrimoine / Répertoire" et est membre du réseau Europa Cinémas. Derrière ces appellations, qui ne doivent rebuter aucun spectateur, un mode de fonctionnement original : il s’agit d’y proposer des films d’horizons artistiques et géographiques divers, qui n’intéressent pas les complexes multisalles soumis à des contraintes de rentabilité.
Son directeur, Manuel Chapellut, aux manettes depuis 2003, y projette environ 200 films par an, souvent des pépites qui ravissent les cinéphiles boulonnais, mais aussi ceux de tout l’Ouest parisien. La salle Henri-Alekan (en hommage à l’immense chef opérateur boulonnais) a conquis un public exigeant, dont la fidélité lui a permis de résister à la crise. En année normale, le nombre d’entrées se situe entre 50.000 et 60.000. En 2021, il y a eu 24 727 spectateurs, malgré cinq mois de fermeture. La salle boulonnaise est également devenue, au fil des ans, une référence pour les distributeurs, qui insistent pour une programmation à Landowski, devenue un marqueur très observé. Manuel Chapellut monte souvent sa grille de séances dans la dernière ligne droite, pour tenir compte des sorties et aussi des spécificités du public boulonnais : "Nous modulons nos séances et nos films en fonction de multiples paramètres. En semaine, l’après-midi pour les seniors, le soir à partir de 18h pour les cinéphiles, et bien sûr le week-end pour les familles." 

Le cinéma Landowski accompagne l’exposition Jean Gabin.
Les films suivants seront projetés pendant toute la durée de l’exposition, dans leur format de tournage et depuis leur support d’origine, 35 mm argentique :
> Gueule d’amour, de Jean Grémillon (1937) 
> La Grande Illusion, de Jean Renoir (1937) 
> Le Quai des brumes, de Marcel Carné (1938)
Martin Roumagnac, de Georges Lacombe (1946 - remastérisé 4K)

Rencontre avec Benjamin Bonadonna, directeur du cinéma Pathé

Le cinéma sur grand écran reste irremplaçable

Benjamin Bonadonna a pris il y a juste deux ans les rênes du cinéma de la Grand-Place, après un beau parcours au sein du groupe Pathé. La quarantaine sportive, cet ancien de l’ACBB Cyclisme souhaite s’inscrire dans le cœur d’une ville qui aime le cinéma et proposer des événements tout public. Les 7 salles boulonnaises y ont une place à part, celle d’un vaisseau amiral où des styles de cinéma très différents trouvent toujours leur public. Malgré la crise, la salle a accueilli 290 000 spectateurs en 2021.

BBI : Comment êtes-vous "entré" dans le monde du cinéma ?

Benjamin Bonadonna : J’ai passé un bac littéraire, avec option cinéma : 9 heures de cinéma par semaine m’ont décidé à vouloir travailler dans le milieu culturel. J’ai fait ensuite des études de droit, et pour les financer, j’étais agent au Gaumont Montparnasse. C’était en 2006, et je ne suis jamais parti du groupe Pathé ! J’ai grimpé les échelons, fait la Femis en formation continue. Je suis passé par Beaugrenelle au moment de l’ouverture, en 2013. Puis, Les Fauvettes, le Wepler, en tant que directeur adjoint, où j’ai eu le privilège de travailler avec ce grand professionnel qu’est Jean-Pierre Lignon. Quand on m’a proposé la direction de Boulogne-Billancourt, je n’ai pas hésité…

BBI : Le Pathé Boulogne-Billancourt a 20 ans et une fréquentation toujours importante. Comment l’expliquez-vous ?

B. B : C’est une salle très intéressante par sa programmation : ici, on peut tout proposer. Je peux passer Scream ou des films d’auteur. Des blockbusters comme des films exigeants. Les spectateurs qui se croisent ici ont des goûts très différents. C’est un public très cinéphile, pointu. Qui a aussi la chance d’avoir à disposition à la fois sept salles au Pathé et le cinéma Landowski, salle d’art et essai. J’ajoute que les films pour enfants marchent très bien. La ville, comme chacun sait, est très familiale.

BBI : Vous avez plutôt bien résisté à la crise ?

B. B : L’adaptation a été notre credo, j’ai une équipe formidablement soudée qui a su maintenir le lien avec le public. Les habitudes ont un peu changé. Par exemple, pour les séances "Pathé live", pendant lesquelles nous passons en direct des opéras, des ballets, du théâtre, les amateurs prennent davantage leur place à l’unité plutôt que par abonnement. Mais Tartuffe, le 15 janvier, en direct de la Comédie-Française, était plein. Il demeure dans le public une vraie appétence pour l’expérience irremplaçable d’un film sur grand écran, avec sa dimension de partage, d’émotion.

BBI : Vous êtes partenaire de l’exposition Jean Gabin qui se tient au musée des Années 30 depuis mars.

B. B. : Durant l’exposition, nous programmons en effet des films du répertoire (voir encadré) qui ont été restaurés par la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé, le dimanche. Les premières, les tapis rouges, les événements… ont toujours été dans l’ADN du cinéma boulonnais.

BBI : Quels sont vos projets pour le cinéma ?

B. B. : Je m’entretiens régulièrement avec les anciens directeurs de cette salle, dont Éliane Duverne, qui y a accueilli avec brio de nombreux événements de qualité. Je souhaite m’inscrire dans cette dynamique. Nous réfléchissons actuellement à un projet de festival de cinéma. J’ai pu collaborer avec la Fnac pour une opération "livre et film" au moment de la sortie de Dune. Nous reprendrons les premières et les tapis rouges dès que possible. Mon but est de faire vivre la salle, au cœur de cette ville qui aime le cinéma, de créer des liens avec les publics, de favoriser les échanges.


Le cinéma Pathé Boulogne, partenaire de "Jean Gabin, l’exposition"
Les films suivants, numérisés par la société de production-diffusion Pathé Gaumont, seront diffusés durant l’exposition :
• Les Gaîtés de l’escadron, de Maurice Tourneur (1932)
• La Belle Équipe, de Julien Duvivier (1936)
• Le Sang à la tête, de Gilles Grangier (1956)
• Le Désordre et la Nuit, de Gilles Grangier (1958)

Un cinéma multiplexe bientôt sur la pointe amont de l’île Seguin

Le promoteur Emerige et Les cinémas Pathé vont réaliser un multiplexe nouvelle génération de huit salles sur la pointe amont de l’île Seguin. Ce futur rendez-vous des amateurs du 7e art s’inscrit dans la programmation du grand pôle artistique et culturel confié aux architectes RCR (lauréats du Pritzker 2017 et concepteurs du nouveau pont Seibert), qui comprendra également une fondation d’art contemporain et un hôtel tourné vers la création contemporaine. Avec ses 1 500 places, le multiplexe offrira aux spectateurs une expérience immersive, tant par la qualité de projection et de son que par la situation rêvée des salles de cinéma qui seront desservies par une galerie en balcon sur la Seine. Pourvu d’une salle en Imax laser avec un écran de 22 mètres de largeur et 14 mètres de hauteur, très rare en France, le Pathé Île Seguin proposera les technologies les plus innovantes à ses spectateurs pour vivre le film différemment.
Lieu d’innovation, le multiplexe accueillera également de façon ponctuelle des événements en lien avec les expositions de la fondation d’art contemporain, créant ainsi un dialogue atypique entre les différentes formes d’expression artistique. Tout au long de l’année, le cinéma accueillera des avant-premières en présence des actrices, acteurs, réalisatrices et réalisateurs. Des spectacles vivants, opéras et concerts, seront également proposés.

Le Pathé Île Seguin s’insère parfaitement dans le projet global visant à faire de l’île boulonnaise l’une des plus grandes concentrations culturelles en Europe et le cœur de la Vallée de la culture. Grâce à ses espaces de restauration, de détente et de promenade, le multiplexe dépassera sa fonction première pour que chacun puisse prolonger son moment de cinéma. Avec cette figure majeure de la future pointe amont de l’île Seguin, Emerige et Pathé vont réaliser l’un des plus beaux cinémas de France !

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