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Covid-19 : un test de dépistage sérologique rapide made in Boulogne-Billancourt

Le laboratoire boulonnais AAZ innove une nouvelle fois avec COVID-PRESTO, son test de dépistage sérologique du coronavirus. Découvrez notre entretien avec Joseph Coulloc’h, pharmacien biologiste et président fondateur d’AAZ.

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Entreprise française et familiale, le laboratoire AAZ se distingue depuis 25 ans par son expertise dans le domaine des tests de diagnostic, qui a lui value plusieurs récompenses internationales. De nouveau, AAZ innove avec un test sérologique rapide de dépistage du coronavirus : le COVID-PRESTO®, homologué par le ministère de la Santé.

Une entreprise boulonnaise et familiale

Comment avez-vous fondé AAZ en 1992 ?

"Après avoir dirigé la filiale française d’un gros laboratoire pharmaceutique pendant de longues années, j’ai décidé de créer un laboratoire spécialisé dans une niche, le diagnostic in vitro, qui est le domaine des tests rapides permettant le diagnostic et le suivi des maladies infectieuses."

Pourquoi avoir choisi Boulogne-Billancourt depuis 2017 ?

"Parce que je suis Boulonnais depuis 1985 ! Nos locaux étaient basés à Rungis depuis 1992. Nous travaillons en famille, avec ma fille Candice ; c’est elle qui m’a suggéré d’acheter des bureaux dans cette ville que nous aimons tant et où nous sommes à présent très bien installés. La petite taille de notre structure nous permet d’être agiles, réactifs et de relever instantanément des défis industriels ; ce que ne peuvent pas se permettre les grosses structures pharmaceutiques."

Vous avez innové avec succès sur le dépistage de VIH ?

"Nous avons lancé en 2015 le premier autotest de dépistage du VIH, autotest VIH®, aujourd’hui disponible dans des dizaines de milliers de pharmacies en Europe. Ce produit a d’ailleurs été récompensé il y a un an par le Prix Galien International, équivalent du Prix Nobel, pour la Pharmacie. Nous avons également lancé récemment un autotest Gluten® de 2e génération, qui permet de dépister l’intolérance au gluten. Nous avons aussi été pionniers dans la fabrication d’un test de dépistage de l’angine, le TROD’angine®, pris en charge par la Sécurité sociale, réalisé dans les pharmacies et qui permet de lutter contre la surconsommation d’antibiotiques."

Un test de dépistage rapide et validé par les autorités de santé

C’est d’ailleurs ce savoir-faire qui vous a permis de vous lancer sur ce test Covid…

"Grâce à notre expérience depuis plusieurs années avec la fabrication des tests de dépistage du VIH et de l’angine, nous avons recherché des matières premières de qualité, audité des usines fiables et noué des contacts sérieux. Quand on a commencé à entendre parler du Covid-19, j’ai rapidement compris que, dans ce contexte de crise sanitaire, il fallait rapidement concevoir et fabriquer ce test rapide COVID-PRESTO®."

Pour autant, il fallait les faire valider ?

"Deux laboratoires hospitaliers ont validé notre COVID-PRESTO®, à Orléans et à l’hôpital Bichat. Les résultats étaient excellents et le Centre national de Référence des virus 2012 respiratoires hébergé à l’Institut Pasteur a confirmé ces performances. Le processus s’est poursuivi avec l’inscription sur la liste du ministère de la Santé en mai."

En quoi consiste votre COVID-PRESTO® ?

"Il se pratique sur du sang obtenu par une piqûre au bout du doigt, effectuée par un professionnel de santé, pharmacien par exemple."

Les résultats sont obtenus en dix minutes et l’on sait alors si le patient a produit des anticorps contre le virus. Là où le test dit PCR (à partir d’un prélèvement par écouvillon dans le nez) détecte le virus lui-même, le test sérologique indique si la personne a été en contact avec le virus et si son système immunitaire a réagi.

"Ce test est considéré comme complémentaire au test PCR dans la lutte contre le Covid-19 car il peut confirmer un dépistage incomplet ou douteux."

Que pensez-vous des doutes sur la protection post-virus ?

"Nous n’avons pas encore la preuve absolue de la protection. Toutes les publications scientifiques nous indiquent que les coronavirus induisent le synthèse d’anticorps protecteurs qui durent au moins deux ans. C’est aussi ma conviction après avoir étudié sept coronavirus. L’usage large de ces tests va permettre de déterminer le stade d’avancement de l’infection et son usage peut s’avérer utile en cas de deuxième vague."

Comment va se poursuivre la production du test ?

Nous en fabriquons un million par semaine avec notre partenaire ESAT (Etablissement de Service d’Aide par le Travail, qui emploie 140 salariés atteints de handicap) à Villiers-le-Bel, destinés à la France mais aussi à l’étranger. Nous en avons déjà envoyé en Afrique. Beaucoup de commandes nous arrivent de collectivités, comme la Région Île-de-France, qui va en distribuer 150.000 aux personnels soignants.