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Du musée Paul Belmondo à une légende du rock

Jeanne d’Arc porte toujours chance. C’est ce que Christophe Duron a dû penser le jour où cet infatigable marcheur et photographe boulonnais a visité le musée Paul Belmondo. Une bonne surprise l’y attendait.

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Christophe Duron n’a pas perdu ses bonnes habitudes : il parcourt les bords de Seine et les jolis parcs de Boulogne-Billancourt. La ville lui offre tout ce qu’il aime dans la nature. Il ne prend pas toujours son appareil photo ou son pinceau (car il peint aussi) mais il enregistre les couleurs et les formes de la ville depuis le jour où ce chasseur de talents s’y est installé, il y a trente ans. Quand La Seine Musicale fut achevée, il était là, devant, à en admirer les courbes onctueuses, lui qui imaginait le bâtiment "comme un gigantesque piano à queue."

Grand adepte des expositions, c’est lors d’une promenade qu’il est tombé sur elle… Une sculpture magnifique.

"J’ai aimé sa pureté incroyable. Elle est très primaire, élancée. Son visage est rond, sans nez, sans œil ni expression. Fascinante."

Christophe Duron se trouvait ce matin-là dans le musée Paul Belmondo, devant sa sculpture de Jeanne d’Arc, non loin de celle du fils prodige disparu récemment, Jean-Paul Belmondo.

Il aime cet endroit très arboré et élégant, qu’il a visité dès son ouverture. En regardant cette statue en plâtre, ce grand amateur de rock, qui a suivi un temps Simple Minds (voir le BBI de mars 2020), s’est rappelé une fameuse pochette de l’album Architecture & Morality, paru en 1981, incluant Joan of Arc, une chanson signée par l’un des fleurons de la new wave  anglaise, le groupe Orchestral Manœuvres in The Dark, sur laquelle figurait une statue de la sainte. L’œuvre s’était vendue à 700.000 exemplaires, sans doute parce que s’y trouvait cette très belle chanson que Christophe programmait lorsqu’il était jeune animateur radio dans les années 1980. Elle reste moins connue que le tube magistral du groupe, Enola Gay, mais typique des œuvres que la formation de Liverpool créait, mélodieuse, avec ce son synthétique et lancinant, nimbé d’un certain mystère.

Des souvenirs forts sont revenus 

Christophe Duron pratique la photo depuis longtemps, et il a photographié la sculpture, juste par plaisir, mais il faut croire que toute balade dans les rues de Boulogne-Billancourt semble ouvrir des portes miraculeuses. Il s’est amusé à recréer la pochette historique de Joan of Arc, en substituant à l’image d’origine de la statue de Jeanne d’Arc sa propre photo, celle de la sculpture de Paul Belmondo, puis il a envoyé son montage au groupe comme un clin d’œil humoristique. Il n’imaginait pas que la manager d’Orchestral Manœuvres in The Dark le contacterait.

Elle m’a dit : “Mets-la de côté. On travaille sur un projet. On te recontacte”. Un mois plus tard, elle confirmait… 

Le projet en question était la réédition des trois chansons majeures extraites de l’album culte pour célébrer le quarantième anniversaire de sa parution, mais cette fois, sur la pochette, serait imprimée la photo montée par Christophe. "J’avoue avoir été touché, surpris, étonné. J’ai demandé l’accord des ayant-droits et du musée." Et l’objet, sorti le 15 octobre, lui a été remis, luxueux, en vinyle et CD, avec des inédits, et son travail bien mis en valeur.

Ma mère serait fière, car elle admirait Orchestral Manœuvres in The Dark, dit-il, heureux d’avoir attrapé un petit bout de l’histoire du rock et de la légende !