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Culture, Cinéma, Histoire

Gros plan sur les cinémas boulonnais de jadis

Contrairement à Étienne-Jules Marey, qui voyait dans l’image animée un moyen de faire avancer la science, les frères Lumière y ont décelé un objet de divertissement. Dès lors, le cinéma est souvent mêlé à des spectacles, dans des salles dont on peut aisément retracer l’histoire à l’aide des annuaires commerciaux et des autorisations d’urbanisme conservés aux Archives municipales.

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Les premiers théâtres

La salle Pottier & Cie, ouverte aux alentours de 1910 à l’angle du boulevard de Strasbourg (actuel boulevard Jean-Jaurès) et de la rue des Tilleuls, était un de ces lieux prisés des Boulonnais qui venaient y danser et parfois voir des projections cinématographiques excédant rarement trente minutes. Cette salle prendra ensuite le nom de Casino de Boulogne avant de disparaître au milieu des années 1920. De même, le Mignon Palace, construit au n°3-5, rue de Solferino en 1913 pour Melle Berthe Lamé, était originellement dédié au music-hall et au théâtre avant de se consacrer au cinéma. Il a successivement pris le nom de Variétés, Artistic Palace, puis simplement Artistic, et sa façade d’origine richement ouvragée a laissé place en 1934 à une sobriété toute Art déco qu’il est toujours possible d’admirer aujourd’hui malgré la fermeture de la salle en 1975.

Sur le boulevard Jean-Jaurès

De nombreuses salles se sont installées aux abords de l'artère qui traverse la ville du nord au sud. On peut citer notamment: le Celtique, au n°250 (1936-1977), le cinéma Jean-Jaurès, au n°71 – qui prendra ensuite le nom de Roxy, puis Vauban à partir de 1957 avant de disparaître des annuaires en 1960 –, le Paris, au 46 bis (1938-1975). Le Casino de Billancourt, au n°206, est, quant à lui, construit en 1921 par M. Duclos, puis racheté par M. Jouet (également propriétaire du Paris) et reconstruit en 1941 avant de devenir le Sembat. Il fermera en 1975. À noter qu’il existait à l’angle de la rue Danjou et de l’avenue Édouard-Vaillant un autre Casino de Billancourt au tout début du siècle, dont le sieur Pottier a voulu faire une succursale de son Casino de Boulogne. Enfin, le Capitole, avec ses 1630 places, fut le plus grand cinéma de la ville. Construit au n°149-151 en 1920 par Edmond Boutillon, il devient en 1936 le Pathé Cinéma Palace. Rénové en 1941, il sera remplacé en 1975 par une grande enseigne de vêtements.

Au-delà de ce boulevard du cinéma, quelques salles ont également marqué la vie culturelle boulonnaise. Notons l’établissement Delatour, édifié en 1913 au 18, rue du Dôme, qui deviendra par la suite l’Alhambra, puis le Dôme avant de fermer en 1938 ; le Ciné-Téné ou le Gaumont Palace, qui connut une brève existence dans les années 1920 au 107, rue du Point-du-Jour. Plus à l’ouest, au 148, route de la Reine, M. Lahr fait construire en 1912 un cinéma-théâtre-concert. Au fil des annuaires, il apparaît sous différentes appellations : Eden Cinéma en 1920, puis Eden Dancing quatre ans plus tard, Eden Fantasio (1930), Templier (1932), Templia Cinéma (1934). En 1934, son gérant, M. Rabin, y mène une grande réfection. Il devient le cinéma du Rond-Point et subsistera jusqu’en 1982.

Mardi soir, ciné-club au Royal

En face, au 131 bis, se trouvait le Royal. Créée sous le nom de Kursaal en 1912, cette salle appartenait à la famille Ténégal, déjà propriétaire du Ciné-Téné. En 1919, le bâtiment est détruit pour faire place à une salle flambant neuve construite suivant les plans établis par l’architecte Bailly et ses associés Niepce et Fetterer. En 1935, la salle est rachetée par la société Pathé et, tout comme en face, M. Rabin en est le gérant. Le cinéma fait alors l’objet d’une rénovation générale : réfection intérieure, agrandissement du hall d’entrée, extension de la cabine de projection, réfection des enduits de la façade sur la rue de Bellevue, tandis que celle donnant sur la route de la Reine est rénovée dans le plus pur style Art déco.

Devenu le Royal, le cinéma fait à nouveau peau neuve entre 1957 et 1962. Dans les années 1960, le ciné-club s’y réunit chaque mardi soir. En 1980, il est intégré au complexe UGC avant de fermer en 1985. À cette date, la seule salle de la ville est alors le Gaumont Ouest, installé depuis cinq ans au 131-141, allée du Forum, au cœur du quartier du Pont-de-Sèvres. Il accueillera le public dans ses neuf salles jusqu’en 1990. Il faudra ensuite attendre 1999 et l’ouverture du cinéma Landowski pour que la ville renoue avec le 7e art. Deux ans plus tard, le Pathé Boulogne ouvrira ses portes sur la Grand-Place.

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A voir jusqu'au 10 juillet 2022 au musée des Années 30 : Jean Gabin. L'exposition