Anonyme, "Joséphine Baker vêtue d’un manteau en cuir Reptile Alpina"
Photo Henri Delage © Musées de la ville de Boulogne-Billancourt

Arts, Histoire, Evénement

Josephine Baker : souvenirs au musée des Années 30

46 ans après sa mort en 1975, 94 ans jour pour jour après être devenue française, Joséphine Baker est entrée au Panthéon mardi 30 novembre. Sa vie d'artiste de music-hall, de résistante décorée, de militante antiraciste et de citoyenne humaniste fut riche. Le musée des Années 30 de Boulogne-Billancourt conserve des œuvres et documents la représentant pendant cette période.

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Consacré à la fois à la période riche et foisonnante de l’art classique et aux divers courants du réalisme de l’entre-deux-guerres, le musée des Années 30 est l’une des institutions les plus importantes au monde dans son domaine. Cette période a été particulièrement faste à Boulogne-Billancourt grâce aux nombreux artistes, architectes et industriels qui ont fait de cette ville un véritable symbole des temps modernes.

Parmi ses collections, le musée conserve plusieurs pièces représentant Josephine Baker datant des années 1920, 1930 et 1940, à l'apogée de sa carrière artistique (photos en bas de page) : 

  1. Paul Colin (1892-1985), Joséphine Baker, Lithographie sur papier vélin coloriée au pochoir extraite du Tumulte noir de Paul Colin, vers 1929 (H 47,8, L 31,7 cm) © Musées de la ville de Boulogne-Billancourt - Photo Henri Delage

  2. Sébastien Tamari (1900-1991) Joséphine Baker, Plâtre, 1936 (H 78, L 14, P 17) © Musées de la ville de Boulogne-Billancourt - Photo Philippe Fuzeau

  3. Paul Mohr (1890-1959), Affiche publicitaire pour les auto-thermos (fabrication boulonnaise), 1946 (H 147, L 97 cm) © DR

  4. Anonyme, Joséphine Baker vêtue d’un manteau en cuir 'Reptile Alpina' , tirage argentique, © Musées de la ville de Boulogne-Billancourt - Photo Henri Delage

  5. Anonyme, Chez Joséphine Baker, tirage argentique © Musées de la ville de Boulogne-Billancourt - Photo Henri Delage

C'est la France qui m'a fait ce que je suis, je lui garderai une reconnaissance éternelle.
Joséphine Baker à Jacques Abtey, chef du contre-espionnage militaire à Paris.

L'incarnation de l'esprit français

Femme, noire, artiste de scène et d'origine étrangère, Joséphine Baker est la 6e femme - sur 80 personnages illustres - à entrer dans ce "temple laïc de la République", après Simone Veil en 2018. "Elle est l'incarnation de l'esprit français", a proclamé le chef de l'Etat en annonçant le 23 août son entrée au Panthéon. 

Née le 3 juin 1906, en pleine Amérique ségrégationniste, dans une famille pauvre de Saint-Louis (Missouri), d'une Amérindienne noire et d'un père d'origine espagnole, Joséphine McDonald (Baker) adore la danse. Arrivée à Paris à 19 ans pour tenter sa chance, elle devient la vedette de la "Revue nègre" sur une idée de Fernand Léger, au théâtre des Champs-Elysées.  "Si je veux devenir une star, je dois être scandaleuse", justifie-t-elle. 

Devenue chanteuse et meneuse de revue, l’artiste populaire obtient la nationalité française il y a 94 ans jour pour jour, le 30 novembre 1937. A la fois libertaire et gaulliste, elle s'engage dans la Résistance, dont elle reçoit fièrement après-guerre la médaille avec rosette, ainsi que la croix de guerre avec palme. Pilote et sous-lieutenant, inlassable militante antiraciste, c'est en uniforme de l’armée de l'air française que Joséphine Baker prend la parole pour la défense des droits civiques à Washington, le 28 août 1963, aux côtés de Martin Luther King. Généreuse avec tous, elle adopte par la suite douze enfants venus de tous les coins du monde, qu'elle élève dans son château des Milandes, en Périgord. "Ma mère était une idéaliste qui voulait prouver que la fraternité universelle n'était pas une utopie", résume l'un de ses fils, Brian Bouillon-Baker. La vedette internationale affirmait en effet qu’il n’est d’autres races que la race humaine. 

Emmanuel Bonini, biographe de Joséphine Baker et d'Yves Montand, sera au Salon du Livre de Boulogne-Billancourt samedi 4 et dimanche 5 décembre 2021