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La baronne de Laroche, pionnière de l’aviation

Le blog "Le Village de Billancourt", orchestré par Alexis Monnerot-Dumaine, est une mine d’évocations et de découvertes sur notre ville, dont l’histoire s’est accélérée début XXe siècle, accompagnant l’expansion industrielle, notamment de
l’aviation. C’est dans l’une de ces incroyables villas, dite "mauresque", qu’a séjourné cette pionnière, liée aux avionneurs boulonnais, les frères Voisin.

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Élise Deroche, plus connue comme "baronne Raymonde de Laroche" (1882-1919) fut la première femme brevetée au monde. Voici son histoire.

1909. Elle est jolie, Élise, elle a 27 ans et un sacré tempérament. Douée pour les arts, amie de Mistinguett, elle se destine à la scène. Elle est aussi une sportive accomplie. L’un de ses meilleurs amis se nomme Charles Voisin, le constructeur boulonnais d’aéroplanes, qui lui propose de faire un vol. Elle est seule à bord, les sensations sont intenses : l’air devient son horizon.

En octobre 1909, c’est donc sur un biplan Voisin qu’elle se forme ; quelques mois plus tard, elle est la première femme à recevoir son brevet de pilote-aviateur en France (et dans le monde), numéro 36, décerné par l’AéroClub de France. Si, dans sa démarche, il y a à l’origine une soif de publicité, pas d’esbroufe dans son parcours : elle se voue entièrement à sa passion pour l’aérien. Émérite, volontaire, adroite, elle enchaîne les meetings, en France et à l’étranger. Elle se produit en Égypte, en Russie, où elle vole 23 minutes et atteint 200 mètres ! Un exploit dont la légende dit qu’il incita le tsar ébloui à lui conférer le titre de baronne, un statut qui lui va comme un gant...

La baronne de Laroche, qui se fait appeler désormais Raymonde, démontre par ses prouesses qu’une femme aux commandes peut faire aussi bien que les hommes. Voire mieux, dans un domaine nouveau qui passionne les foules.

Elle prouve, par ses capacités, sa volonté et son courage, surtout dans les grandes compétitions, qu’elle peut faire jeu égal avec les pilotes à moustache », écrit à son propos l’historien de l’aviation Bernard Marck.

Ses apparitions aux commandes attirent le public, qui l’ovationne. Elle est non seulement élégante, elle a du cran, "casse du bois" de temps en temps, s’en sort à chaque fois.

Sur le quai à Billancourt

C’est vers 1910 que l’on situe l’arrivée de la baronne à Billancourt, qui a élu domicile dans une étonnante villa mauresque du quai de Billancourt (aujourd’hui quai Georges-Gorse). À proximité de Charles Voisin, son ami, dont les usines sont à deux pas ? Près du terrain d’aviation d’Issy ? Aucune certitude, excepté celle d’y voir une personnalité originale, brillante, qui trouve là un écrin à sa mesure…

C’est en 1910 également qu’elle subit un grave accident lors de la grande Semaine de l’aviation à Reims. Sérieusement blessée, elle s’acharne à se remettre sur pied au plus vite pour retrouver le ciel. À peine rétablie, elle gagne la coupe Fémina en 1913. La guerre met sa carrière entre parenthèses. En 1919, elle enchaîne les défis. Le 12 juin 1919, elle porte le record à 4800 mètres et devient "la femme la plus haute du monde". Le 18 juillet 1919, au cours d’un banal vol d’entraînement à bord d’un Caudron G 3, le biplan léger expérimental où elle vole comme passagère bascule soudain, et les deux occupants sont tués. La baronne de Laroche aura passé dix ans seulement dans le ciel, mais laissé un sillage qui demeure.