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Handicap, Sport

L’ascension de Louis-Gabriel Perez

Ancien membre de l’équipe de France de para-escalade, qu’il compte bien retrouver après sa thèse en sociologie du travail et de l’emploi, Louis-Gabriel Perez, boulonnais depuis toujours, rêve des JO de 2028.

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C’est un retour aux sources qui a fait vibrer le sensible Louis-Gabriel Perez. En 2022, dans le cadre de la Semaine olympique et paralympique, l’athlète est sollicité par la Ville pour intervenir dans un gymnase boulonnais. Parmi les classes venues l’écouter, des élèves du groupe scolaire Jean-Baptiste-Clément, l’école où il était en maternelle et en élémentaire.
" Ils avaient 7-8 ans, sans a priori, et ont osé. L’une des questions m’a scotché : “Est-ce que ça vous arrive de subir le regard des autres à cause de votre handicap ?” J’ai trouvé ça bien. Plus tôt on sensibilise les enfants au handicap, mieux c’est", assure le jeune homme de 29 ans. Qui cohabite depuis sa naissance avec une infirmité motrice cérébrale, handicap uniquement moteur, à la suite d’un accouchement douloureux qui a entraîné un manque d’oxygène. Des séquelles à vie avec des problèmes d’élocution, des troubles de la motricité fine et une plus grande fatigabilité. Mais pas son genre de se plaindre, lui qui fréquente un kiné voisin chaque semaine et garde un suivi avec un orthophoniste.

Membre d'Agrippine, le club d'escalade boulonnais

Installé dans un studio proche du stade Le Gallo, Louis-Gabriel est un pur boulonnais, de père colombien. "Il est venu en France pour ses études. C’est ainsi qu’il a découvert Boulogne-Billancourt, avant de travailler dans les bureaux chez Renault", évoque-t-il. École Jean-Baptiste-Clément, donc. Et la rencontre, décisive, avec l’escalade, grâce à une initiation. Il a 7 ans, est en CE1 et accroche tout de suite. Puis, la Ville propose, avec son école municipale des sports (EMS), des stages pendant les vacances. Banco ! Fidèle depuis ses débuts au club Agrippine et à la salle municipale d'escalade rue de Clamart, avec ses murs à 8 et 12 mètres, Louis-Gabriel poursuit son ascension en para-escalade, dans la catégorie réservée à ceux qui ont une déficience neurologique ou un handicap physique. En 2012, membre de l’équipe de France, il dispute les championnats du monde, à Bercy. L’année suivante, il est 4e des championnats d’Europe, à Chamonix. 

Médaillé à la coupe du monde et thésard en sociologie

En 2017, il est médaillé de bronze d’une étape de coupe du monde, à Briançon. Puis 4e en Angleterre. Louis-Gabriel ralentit la cadence. Car ses études l’accaparent. Après les sciences sociales à Paris-Descartes et son antenne de Boulogne-Billancourt, le voici à l’université de Nanterre. Aujourd’hui sous contrat doctoral, il peaufine sa thèse consacrée au travail et au marché de l’emploi chez les coachs sportifs tout en sévissant dans des laboratoires de sociologie dépendant de l’université. Cravachant pour finir sa thèse (qu’il soutient en novembre) et "passer les concours du CNRS pour être chercheur", il s’entraîne deux fois par semaine et a changé d’entraîneur pour mieux repartir vers les sommets.
"Louis-Gabriel est motivé, il ne dévie pas de son objectif, travaillant une voie jusqu’à ce qu’il trouve la faille, souligne le nouvel élu,que tous appellent Babis. Son objectif est de revenir en équipe de France. Il s’en donne les moyens, suit le programme concocté, on fait même des séances de rab le week-end."

Le regard tourné vers Los Angeles 2028

Insistant sur le côté "très technique et très solide" de Louis-Gabriel, son coach rappelle la force de son caractère mais aussi que, en Bleu, il n’y a qu’une place dans les grandes compétitions. Et le tenant du titre est champion du monde et travaille dans une salle d’escalade ! Si la discipline n’est pas encore inscrite aux Jeux olympiques et ne figurera donc pas cet été à Paris, Louis-Gabriel a le regard tourné vers Los Angeles et les Jeux paralympiques en août 2028.
"On attend la validation de l’épreuve. J’aurai 34 ans, et ce serait un rêve d’y prendre part et de décrocher une médaille", dit-il. En attendant, il savoure sa vie boulonnaise, qu’il apprécie pour "son offre sportive et de transports, son calme, son côté agréable", avouant une préférence pour le quartier du Trapèze.