Culture, Médias

Loïc de La Mornais, un Boulonnais en duplex depuis l’Amérique

Depuis le Texas où il couvre la vague de froid qui y sévit, Loïc de La Mornais, correspondant aux États-Unis pour France Télévisions, répond à nos questions sur sa vie de Boulonnais expatrié.

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BBI : Quels souvenirs gardez-vous de votre jeunesse à Boulogne ?

Je garde un souvenir tout à fait paisible et privilégié de ma scolarité au collège du Parchamp et au lycée Notre-Dame, des établissements bienveillants avec des espaces verts. Je n’ai jamais oublié non plus les très belles émotions au conservatoire, où je faisais beaucoup de violon et d’orchestre symphonique. Même en amateur, c’était très exigeant.

BBI : Plus jeune, quels métiers auriez-vous aimé faire ?

Pilote ou journaliste ! Le destin (et mes mauvaises notes en maths) a tranché et je ne regrette pas. Je vois souvent, en témoin modeste mais privilégié, l’histoire s’écrire aux premières loges. Et grâce à ce métier, j’ai pu monter à bord de presque tous les types d’objets volants. Je ne perds jamais l’occasion de proposer un reportage sur l’aviation ou l’espace.

BBI : Après Londres, vous voilà correspondant permanent à Washington…

Avec ma collègue Agnès Vahramian, nous sommes deux correspondants pour couvrir la zone, du Canada à l’Amérique centrale. C’est une chance. J’ai une vie à cent à l’heure, je peux enchaîner le Grand Nord en Alaska, chez les Inuits au-delà du cercle arctique, et filer au Mexique explorer les gouffres cénotes avec des plongeurs spéléologues. Je n’aurais jamais eu cette carrière sans ma femme Angélie qui, d’ailleurs, veille au français à la maison pour que mes enfants ne perdent pas trop le niveau.

BBI : Quels événements vous ont le plus marqué lors des élections américaines ?

Suivre la présidence de Donald Trump est passionnant et épuisant à la fois. Le rythme de ses saillies, ses dérapages, son sens du show… Cela nous interroge sur nos démocraties, sur le populisme. J’ai été marqué par le soir de l’élection de Joe Biden. J’étais à son QG, à Wilmington. Beaucoup de femmes étaient en larmes en écoutant parler Kamala Harris. La journée du 6 janvier, avec l’assaut du Capitole, a forcément aussi été un moment fort – et fou – de cette campagne.

BBI : Revenons sur cette journée du 6 janvier avec l’invasion du Capitole

C’est vrai que l’agitation, les violences, des manifestants armés de fourches étaient inquiétantes. J’avais surtout peur que la police américaine "tire dans le tas". Au final, il y a tout de même eu 5 morts ! Mais je suis plutôt d’un tempérament calme, comme mon remarquable collègue et caméraman Thomas Donzel. France Télévisions m’a très bien formé, m’a financé plusieurs stages avec l’armée française et j’ai fait un certain nombre de missions de guerre, au Moyen-Orient, en Afghanistan ou en Afrique. Sans fausse modestie, la journée au Capitole n’est pas la pire que j’ai connue!

BBI : Qu’appréciez-vous quand vous revenez dans votre quartier boulonnais ?

Je reviens régulièrement dans l’appartement de mes parents, ma mère vit toujours, rue d’Aguesseau. C’est à chaque fois plein de souvenirs ! Même si les choses évoluent, beaucoup de commerces de mon enfance sont encore là, je trouve ça beau. Ici, aux États-Unis, il n’y a que des chaînes, des franchises dans les centres commerciaux. Boulogne-Billancourt a encore cette vie de quartier. Mais je vois aussi les nouveaux projets. Je n’ai pas eu le temps d’aller à La Seine Musicale, sur l’île Seguin : je trouve la transformation de l’endroit superbe et je compte bien y aller.