Aménagement urbain, Sculpture, Vie des quartiers

Marcel Loyau, héros et sculpteur

Sculpteur de l’âge d’or boulonnais dans les années 30, héros de guerre, aviateur, Marcel Loyau a laissé de nombreux témoignages de son art, au coin des rues, au musée de Boulogne, et jusqu’à Chicago.

Publié le

Elle trône au milieu de la place Denfert-Rochereau et attire inévitablement l’attention. La Fontaine aux cygnes intrigue. Il faut en faire le tour – ça tombe bien, la place est un rond-point – pour la détailler. On y voit un enfant entourant de ses bras un ballon, le protégeant avec trois cygnes majestueux. Cette œuvre fut créée en 1925 par le sculpteur boulonnais Marcel Loyau (1895-1936). Elle est alors réalisée pour figurer au centre du bassin dans les jardins du pavillon de la Ville de Paris, lors de la prestigieuse Exposition des arts décoratifs de la même année. Une consécration pour cet artiste surdoué, alors juste trentenaire, à la destinée fulgurante, hélas décédé à 40 ans.

Originaire de Touraine, il se destine à la sculpture très jeune. Il a 19 ans quand la guerre le contraint à quitter l’école des Beaux-Arts, qu’il vient d’intégrer. Les Poilus seront souvent présents dans son œuvre, émouvants, sans pathos : il a été des leurs, il a souffert comme eux. Au combat, il se conduit en héros, et en revient avec sept citations : Croix de la Légion d’honneur, Croix de la Bravoure polonaise... et les galons de lieutenant aviateur. Loyau est d’ailleurs l’un des premiers artistes "sculpteurs et peintres de l’aéro-club de France".

Une œuvre monumentale à Chicago

Il s’installe à Boulogne avec sa jeune épouse, Jeanne Morancé, également sculptrice et peintre. La ville connaît alors un véritable âge d’or culturel, Marcel Loyau côtoie Paul Moreau-Vauthier, Paul Landowski, Joseph Bernard, tous depuis mondialement présents. C’est dans son atelier boulonnais qu’il conçoit une œuvre monumentale : les sculptures de la Buckingham Fountain de Chicago, qui se trouve au sein de Grant Park, véritable porte d’entrée de la ville, et longtemps point de départ de la célèbre route 66. Pour cette création, il reçoit en 1927 le Prix national des arts.

D’autres héritages de Marcel Loyau demeurent dans la ville, dont une rue qui porte son nom. À sa mort, son épouse fit don de plusieurs œuvres au musée de Boulogne, que l’on peut découvrir au musée des Années 30. Il laisse aussi une autre trace pérenne : dans le souci de "sortir les artistes de leurs ateliers", il avait fondé en 1934 la Société des Beaux-Arts de Boulogne-Billancourt avec certains de ses amis et voisins sculpteurs. Elle attribue chaque année, au cours de son Salon d’automne, le prix Marcel-Loyau, récompensant le meilleur artiste exposé. Cette année encore, il fut remis en présence des petits-enfants et neveu de l’artiste. Cet événement, qui se tient à l’espace Landowski, s’inscrit dans l’agenda culturel de la Ville, et attire toujours un public nombreux (article publié dans BBI de février 2024).

Pour en savoir plus : le portail des collections des musées de la Ville