Education, Environnement

L'école des Sciences et de la Biodiversité accroît encore son potentiel écologique

Développement d'une prairie de fauche, d'arbustes, renforcement de la végétation et de la faune dans les murs, élaboration d'un inventaire faunistique... Établissement exemplaire et rayonnant bien au-delà des frontières boulonnaises, l'école des Sciences et de la Biodiversité veut encore aller plus loin dans son projet écologique.

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Ouverte en septembre 2014, l’école des Sciences et de la Biodiversité bénéficie d’un rayonnement interna­tional dans les domaines de l’écologie et de la re­cherche. Dirigée depuis la rentrée par Cécile Montos­sé-Espinasse, l’école fait partie des 31 sites étudiés pour l’inventaire naturaliste Grooves (Green roofs veri­fied ecosystem services) de l’Agence régionale pour la diversité, en partenariat avec l’Institut d’écologie et des sciences de Paris, le Museum national d’histoire naturelle, l’Inra (Institut national de la recherche agrono­mique) et le Cerema (Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement). Un plan d’action est prévu pour pérenniser l’écosystème de cet établis­sement exemplaire conçu par l’agence d’architecture Chartier-Dalix. Portée par la Ville de Boulogne-Billancourt, Grand Paris Seine Ouest et la SPL Val de Seine Aménagement, cette mission sera notam­ment dirigée par l’écologue Aurélien Huguet. Ce projet s’inscrit dans la "stratégie régionale pour la biodiver­sité 2020-2030". La Ville a en effet répondu à l’appel à projet régional "Pour la reconquête de la biodiver­sité en Île-de-France" afin que soit construit, avec les élèves, l’équipe pédagogique et les jardiniers, un plan d’ac­tion pour une gestion différenciée et pédagogique.

Rencontre avec Aurélien Huguet, écologue, conseiller en biodiversité

L’année 2020 est synonyme de nouvelle étape pour l’école de la Biodiversité ? 

A. H. : L’école a été inau­gurée en 2014. Ce projet novateur était référent au-delà même de nos frontières. Depuis, il a mûri, les milieux ont évolué, les élèves et les enseignants se sont approprié les lieux. Six ans après, il est temps d’accroître le potentiel écologique du site. Tel qu’il a été livré, ce bâtiment n’était pas un abou­tissement mais un point de départ. Il s’agit de poursuivre nos objectifs initiaux : développer une prairie de fauche, des arbustes, renforcer l’accueil de la végétation et de la faune dans les murs.

C'est un projet référent au-delà de nos frontières 

Côté faune, où en sommes-nous ? 

A. H. : Nous avons déjà recensé la présence d’au moins 20 espèces d’oiseaux dont certains nichent sur place (moineaux domestiques, mésanges bleues et charbonnières, rougequeues noirs…), mais aussi de papillons, de libellules, de criquets, de lézards et de deux espèces de chauves-souris. En 2021, nous prévoyons d’élaborer un inven­taire faunistique encore plus précis.

Vous allez diversifier le fonds floristique de la prairie ? 

A. H. : En juillet, nous sommes allés faire «  la cueillette  » dans les prairies historiques du domaine national de Marly-le-Roi. Avec l’ac­cord d’Alain Baraton, jardinier en chef des jar­dins de Versailles, nous avons fauché du foin, collecté à la main des graines de plantes indi­gènes afin de doter la prairie de l’école de cor­tèges floristiques riches et adaptés. Nous avons choisi des espèces franciliennes vivaces (sauge des prés, brome érigé, knautie, amourette). Le foin préalablement stocké va être mis en place au cours d’un chantier participatif, puis nous suivrons le travail de la nature.

Et les façades ? 

A. H : Elles sont peu végétalisées pour l’instant, et c’est normal. Le PH du béton diminue au fil des ans, et c’est seulement aujourd’hui que les fissures des murs sont prêtes à accueillir des graines. Il s’agit de réunir les conditions de colonisation d’une végétation typique des vieux murs. Il faut que des micro-sols se forment. Le plan d’action prévoit de renforcer cette matrice de base via différentes espèces franciliennes compatibles : cymbalaire des murs, campa­nule à feuilles rondes, etc. En septembre, nous ensemencerons cette paroi avec des substrats développés spécifiquement dans nos banques de graines. Cela devrait relancer la dynamique de recolonisation végétale dès le printemps prochain. Nous allons également restaurer les milieux du sous-bois de la terrasse, qui a souffert de trop de piétinements. Dans un milieu végé­tal aussi fragile, il faut prendre le maximum de précautions. Nous décompacterons à la main les sols puis rapporterons de la litière et de la faune du sol et y planterons 250 plantes locales.