Culture, Vie des quartiers

Robert Esnault-Pelterie, l'homme qui avait des "ailes dans la tête"

En ce début de XXe siècle, les temps sont aux inventions. Les premiers vols des "plus lourds que l’air" passionnent les foules. Boulogne, capitale de l’aviation, est un creuset pour de jeunes intrépides qui se réunissent et réfléchissent à l’avenir. Parmi eux, Robert Esnault-Pelterie, dont une rue du quartier Silly-Gallieni porte le nom.

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Le cerveau le plus original de son temps

C’est ainsi qu’est qualifié l’homme qui a grandi dans la propriété familiale de Boulogne-sur-Seine (la ville n’est pas encore fusionnée avec Billancourt). Là où il met au point dans un hangar au fond du jardin ses multiples inventions. Robert Esnault-Pelterie (1881-1957), alias REP, déposera plus de 250 brevets tout au long de sa vie, dans des domaines les plus divers… À 20 ans, il a tous les appétits et, déjà, se qualifie d’ "ingénieur-constructeur-pilote". Dès 1907, il a "des ailes dans la tête" et participe en tant que concepteur et aviateur aux bonds maladroits des premiers aéroplanes. Il apporte à l’avion plusieurs améliorations qui auront un impact considérable, dont l’aileron et surtout le manche à balai, toujours utilisé. Il imagine un moteur, le REP1, pense monoplan bien avant tout le monde et prédit le transport aérien de passagers.

REP participe pleinement au milieu aéronautique boulonnais, qui brasse mécènes, constructeurs de dirigeables et d’aéroplanes, pilotes, mécaniciens.

REP construit un atelier au 149, rue de Silly (une rue mitoyenne porte son nom en hommage à son action), à deux pas de celui des frères Voisin. Boulogne devient, déjà, une pépinière d’esprits inventifs. C’est ce creuset qui permettra à REP d’entrevoir le futur de l’homme au-delà du ciel, dans les étoiles. Il imagine les premières fusées et y consacrera le restant de sa vie : les Russes lui reconnaîtront une paternité scientifique après le vol du premier Spoutnik.

Sous le signe de Boulogne...

C’est Henri Kapferer, son voisin et ami, également fou volant, qui présentera à Robert celle qui allait devenir son épouse. Trop occupé par ses inventions, assumant son "côté loufoque", comme il le dit lui-même, il n’avait pas songé à se marier. En 1928, ce bel homme de 47 ans a le coup de foudre pour la ravissante Carmen Bernaldo de Quiros, mannequin de la maison Irfé (fondé par les princes Youssoupoff, habitant… Boulogne), Franco-Espagnole issue de la meilleure noblesse ibérique et descendante de Mme Tallien. Clin d’œil encore, la belle et sa mère résident… rue de Buzenval à Boulogne. Dès la première rencontre, il lui propose de l’épouser. Comme il doit partir pour les États-Unis, ce sera donc à bord du paquebot Ile-deFrance, lancé en 1927, qu’aura lieu la cérémonie. Le récit du mariage a fait les beaux jours de la presse de l’époque.