Paroles de boulonnais

Lokua Kanza, la musique est un partage

Boulogne-Billancourt est une ville magnifique. J'aime son calme et ses jardins.

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L’artiste d’origine congolaise vit à Boulogne-Billancourt depuis onze ans et enchaîne tranquillement les succès musicaux. Il fait partie des grands noms de la scène francophone moderne. 

Une énergie, une passion et un enthousiasme impressionnants. Empoignant sa guitare du côté de Rhin-et-Danube, Lokua Kanza n’en fait pas un mystère et sourit : "J’ai 63 ans !" Né d’un père congolais et d’une mère rwandaise, rien ne le prédisposait à devenir l’un des musiciens les plus populaires de sa génération. Aîné d’une fratrie de huit, orphelin de père, il travaille tôt pour subvenir aux besoins de sa famille et éprouve précocement un goût prononcé pour la musique :  

J’ai commencé à chanter dans les chorales dès 8 ans. À 13, j’intégrais le conservatoire de Kinshasa pour apprendre le solfège et la guitare, mon instrument de prédilection. 

1984, Lokua arrive en France : "Je me souviens d’avoir terriblement souffert du froid ! J’étais aussi étonné, car personne ne se parlait dans le métro." Tous les matins, il se rend à la célèbre école de jazz du CIM, où il perfectionne ses talents. 

Sur les routes avec Ray Lema, Manu Dibango...

Un an plus tard, sa carrière décolle. C’est le temps des premières tournées aux côtés du musicien congolais Ray Lema :

Nous nous sommes produits quasiment dans le monde entier, à l’exception de la Chine ou de l’Australie peut-être, se souvient-il. L’aventure se poursuit avec son compatriote Papa Wemba puis avec Manu Dibango, qui lui demande un soir, à sa grande surprise, de "commencer le concert."

Peu de temps après, il entame une carrière solo et connaît la consécration en première partie de la chanteuse béninoise Angélique Kidjo (programmée, cette saison, au Carré Belle-Feuille) dans la mythique salle de l’Olympia : "C’est la première fois que j’ai ressenti le trac. Le Tout-Paris était là, il fallait casser la baraque !" Dans la foulée, il sort un premier album (1993) : "Toute la presse s’est emballée." Quelque 10 000 albums vendus dès la première semaine, puis 85 000 à travers le monde. Le succès ne se dément pas à la sortie de son deuxième album (1995), remarqué par la radio NRJ, qui donne à l’époque le  "la" des tendances musicales. Multi-instrumentiste, parolier, compositeur, arrangeur, producteur, Lokua affiche un CV bien rempli : sept albums solo, des centaines de compositions et collaborations avec des artistes sur tous les continents dont Corneille, Richard Bona, Miriam Makeba, Nana Mouskouri, Youssou N’Dour, Carlinhos Brown, Francis Cabrel, Jean-Louis Aubert, etc. Fervent défenseur de la francophonie, il a aussi rempilé pour la troisième saison de «  The Voice Afrique francophone  » en tant que coach.

Promenades inspirantes au Parc Rothschild

S’il a vécu au Brésil pendant deux ans et retourne régulièrement dans son Congo natal, Boulogne-Billancourt est la ville où il réside désormais : "C’est une ville magnifique. J’aime son calme et ses jardins. Je me promène régulièrement dans le parc Rothschild." Il ne manque pas non plus de souligner la "gentillesse des commerçants boulonnais du quartier. J’aime bien me rendre chez l’épicier de la place Rhin-et-Danube." Entre Boulogne-Billancourt et lui, l’histoire remonte au début des années 1990 :

On m’avait confié les clés d’un studio d’enregistrement rue d’Aguesseau. J’y allais seul, j’avais un studio rien que pour moi. C’était magique ! 

Il enregistre par la suite son cinquième album rue de Paris et installe sa société de production rue des Abondances. Il est père de six enfants, sa petite dernière est scolarisée à Boulogne-Billancourt ainsi que son petit-fils. Preuve qu’une partie de son cœur cosmopolite est bel et bien ancré dans sa cité de résidence !  Juin 2021, il revient avec un album intitulé Moko, riche de 14 titres.

Je me suis entouré d’artistes connus et moins connus : de jeunes talents congolais et ivoiriens, l’orchestre symphonique de Budapest et Chris Walden, chef d’orchestre et arrangeur attitré de la cérémonie des Oscars.

Une autoproduction enregistrée dans 12 pays, forte de multiples figurants, enfants et adultes. "Ce mélange de violoncelle et de tamtam donne une incroyable énergie. La musique reste une courroie de transmission entre les peuples." À l’image du premier single de son dernier album, intitulé Tout va bien, Lokua Kanza dégage une énergie positive et bienveillante. Grand voyageur, il ne boude jamais son plaisir de rentrer à Boulogne-Billancourt. Et là, conclut-il, «  mon sentiment, c’est la paix de me sentir chez moi  ».