BERG

Dans l’atelier Artémisia, lumineux et silencieux, où la musique accompagne la méditation du pinceau sur la toile, Berg puise, chaque jour, les essences des natures mortes, perdues dans le flou, éloquentes.

"L’Atelier Artémisia, c’est l’accomplissement des années de travail ininterrompu sur soi, sur les objets depuis l’entrée de Berg aux Beaux-Arts, ses copies au Louvre et au Musée d’Art Ancien, ses expositions à Paris, à Bruxelles et à Genève.
A côté de ces natures mortes, il y a des portraits où, là aussi, les lumières jouent avec les ombres. Et de cette méditation, sereine mais intense, que l’on retrouve dans toute son œuvre, surgit ce sentiment, celui que l’on ressent quand la Peinture rend l’âme aux objets, quand elle se fait parole…"

Isaure Pelissier

"Dans sa formidable et dense unité, la peinture envoûtée de Berg absorbe tous les contours. Elle englobe. Elle enchante. En chirurgienne d’âme, elle œuvre à vif dans l’effacement des plaies mondaines. Elle ose prendre à son compte toute l’extériorité du visible pour le faire disparaître, ne laissant que la trame enfouie de ses peintures immaculées. L’étendue s’empare lentement des apparences mondaines. Monde flottant des voiles et des rêves. Dans ces couleurs noyées, vécues comme bues de l’intérieur, tout semble sourdre des immobiles profondeurs. Dans ces fusions élémentaires de matière et d’univers, l’opacité règne. Le silence et l’insondable sans fin s’étreignent. La transparence et l’obscurité se mêlent et s’entremêlent constamment, hors des limites transgressées du dicible et du mystère. [...]

Les paysages magiques et magnifiés de Berg sont habités. Ce sont de purs talismans d’étendue recomposés selon les lois inconnues de l’espace intérieur. Eclairés d’une intime et fragile lumière d’outre-monde, d’une sensualité diffuse, et toujours chargés d’énigmes, ces lieux d’immensité sont stupéfiés d’exister aussi intensément. Les rares lumières de Berg font des trous dans l’étendue.

Art de haute substance, nourri des grands archétypes terrestres, toujours lourds d’affect, la vallée, la colline, la rivière, ou la forêt. Peinture aimantée de terre troublante, de larmes de silence et de sol incertain. Art d’infinie sensibilité.

Dans les peintures de Berg, sur fond d’âpre et discrète mélancolie, la durée hibernante s’est faite poignante, et peut-être soignante. Elle a pris ses quartiers d’intemporalité, et enfin rendue à l’illimité, l’étendue respire. Tout est en suspens. Une force souterraine est en action, archaïque, omniprésente, coextensive à toute surface peinte, et les non-dits précaires, secrets et lointains, prennent la peinture pour espace, dans l’espace sans fond du fond de l’œuvre... La peinture est une langue plus ancienne que la langue des mots... Comme jamais vu, le monde réinventé de Berg retrouve une innocence absolue."

Christian Noorbergen, critique d'art ("Berg, les lumières de l’insondable")