HISTOIRE

Historique de la ville

De la bourgade des Menus dominée par son église médiévale, jusqu’à l’unique ferme de Billancourt, la ville tisse lentement son territoire avec, première affirmation de l’identité boulonnaise, l’église Notre-Dame, érigée au XIVe, comme un pendant du pèlerinage de Boulogne-sur-Mer.

Aux origines : un pèlerinage (XIVe-XVIe s.)

Depuis le VIIe siècle, un important culte marial est célébré à Boulogne-sur-Mer. Philippe IV le Bel le découvre en 1308, lors du mariage de sa fille avec le roi d’Angleterre. Très impressionné par la ferveur des pèlerins, le roi de France décide de susciter un pèlerinage similaire, mais raccourci, non loin de sa capitale. Le village de Menus-lez-Saint-Cloud a la préférence du roi. Jeanne de Repenti, abbesse de Montmartre, cède alors 5 arpents de terre pour y construire une église, dont les travaux commencent en 1320. Le village prend alors le nom de Boulogne-sur-Seine et le pèlerinage connaît un vif succès jusqu’aux guerres de Religion, qui en entraînent le déclin progressif.

Du village au bourg (XVIIe-XVIIIe s.)

À partir de la seconde moitié du XVIIe siècle, Boulogne se réveille. En 1658, l’acquisition du château de Saint-Cloud par Monsieur, frère de Louis XIV, puis l’installation du roi et de la cour à Versailles, en 1682, concourent au développement du village, qui se peuple et dont les activités se diversifient : les vignerons cultivent leurs terres, de nombreux commerçants et artisans ouvrent des boutiques tandis que les blanchisseurs, de plus en plus actifs au cœur du village, s’installent bientôt dans la rue de la Rochefoucauld, s’éloignant ainsi de la Seine mais se rapprochant de leur clientèle parisienne.

Ce regain d’activités engendre un développement des voies de communication et façonne le territoire que l’on connaît aujourd’hui. Très animée dès la naissance du pèlerinage, la route de Paris à Saint-Cloud (actuelle avenue Jean-Baptiste-Clément), reste la principale artère commerçante. La route de Versailles (actuelle rue du Vieux-Pont-de-Sèvres), établie dans les années 1680, est "la route la plus fréquentée du royaume", en raison du défilé incessant des carrosses de la cour. Enfin, la route de la Reine est aménagée en 1786, à la demande de Marie-Antoinette qui désire rejoindre par une voie directe le château de Saint-Cloud, qu’elle vient d’acheter.

L’émergence d’une ville (XIXe s.)

Boulogne-Billancourt connaît au XIXe siècle un dynamisme démographique et une expansion sans précédent. En 1859, Paris étend ses limites jusqu’aux fortifications construites par Thiers en 1840 pour protéger la capitale d’éventuelles attaques. Paris englobe alors les communes limitrophes, notamment le village d’Auteuil, mais pas Billancourt qui pourtant en dépend. La plaine et ses habitants deviennent, en quelque sorte, orphelins. En janvier 1860, Billancourt est rattaché à la commune de Boulogne au grand désarroi des Billancourtois qui craignent pour leurs intérêts. La ville atteint alors pratiquement ses limites actuelles.

Depuis le XVIIIe siècle, le territoire est un lieu de villégiature. Au XIXe, le baron James de Rothschild et le banquier Albert Kahn perpétuent cette tradition en se faisant construire de superbes propriétés agrémentées de fantastiques jardins. À Billancourt, en bord de Seine, les guinguettes du quai du Point-du-Jour amusent les Parisiens en goguette, venus par tramway ou bateaux-mouches.

L’essor de l’industrie (1860-1918)

Progressivement, à partir de la seconde moitié du XIXe siècle, le lieu de villégiature, le territoire dévolu à l’agriculture et à l’élevage cède la place à l’industrie et au commerce. À Boulogne règne toujours la blanchisserie – qui profite des progrès techniques, telle la machine à vapeur, pour dépasser le stade artisanal et se muer en petites et moyennes entreprises – tandis qu’à Billancourt s’installent de nombreuses usines aux productions variées : chimie, parfumerie... Liée à l’essor de la population, l’industrie du bâtiment voit prospérer des manufactures spécialisées dans les décors muraux (céramique, émaillerie). A la toute fin du siècle, l’automobile est dominée par la figure de Louis Renault, qui établit en 1898 ses premiers ateliers de fabrication dans la propriété familiale, rue du Cours.

Le rapide succès de l’automobile encourage les pionniers de l’aviation comme Robert Esnault-Pelterieles frères Voisin et d’autres, comme Louis Blériot et les frères Farman, à tenter l’aventure industrielle. Malheureusement, l’aéronautique n’obtient pas les résultats escomptés : rares sont les entreprises qui atteignent l’équilibre financier. La fin de la Première Guerre mondiale provoque une chute libre de la production et annonce le recul de l’industrie aéronautique à Billancourt. A la même époque, la ville prend un virage pionnier dans l'industrie des arts de l'image : Étienne-Jules Marey invente la chronophotographie, les premiers studios de cinéma voient le jour en 1912. Aux portes de Paris, une modeste cité devient le centre de toutes les mobilités.

La construction d’une ville moderne (1919-1942)

Boulogne, qui prend officiellement le nom de Boulogne-Billancourt en décembre 1925, connaît son âge d’or dans l’entre-deux-guerres. Première ville de la banlieue parisienne sur le plan démographique, elle est à la fois industrielle dans sa partie Sud et résidentielle au Nord. C’est sous l’impulsion de son maire, André Morizet, qu’à cette époque la ville se structure et connaît de profonds changements : actions en faveur de l’enfance (crèches, écoles, activités sportives, colonies de vacances), amélioration des conditions d’hygiène (construction de l’hôpital Ambroise-Paré en 1923) et entretien de la voirie sont ses priorités avant de lancer un véritable programme d’urbanisme dont l’apogée est marqué en 1934 par les inaugurations de l’hôtel de ville, des groupes scolaires Ferdinand-Buisson et Jean-Baptiste-Clément ou encore par l’arrivée du métro (Boulogne devient ainsi la première ville de banlieue dotée de ce moyen de transport).

Les industries (blanchisseries, aviation, automobile, auxquelles s’est ajouté le cinéma) participent à ce grand élan : les grands ateliers de Matériel Téléphonique sont construits à cette époque. La présence d’une élite artistique et intellectuelle est propice au développement de tous les talents et la ville devient, à la veille de la Seconde Guerre mondiale, un modèle de modernité dans le nombreux domaines – artistique, industriel et architectural.

Une tradition architecturale et artistique

Érigé par l'architecte lyonnais Tony Garnier en 1934, l’hôtel de ville constitue un point focal par le choix stratégique de son emplacement, au centre des deux parties de la ville. Il représente un parti‑pris architectural et urbain, emblématique du mouvement artistique d’avant-garde qui caractérise la vie boulonnaise de l’entre-deux-guerres. Qu’il s’agisse de Marc Chagall, Max Blondat, Joseph Bernard ou Juan Gris, des artistes élisent domicile ou travaillent dans la commune, lui imprimant sa marque, tel le sillage de pierre laissé, dans le quartier des Princes par Mallet‑Stevens ou Le Corbusier.

L’après-guerre et la seconde moitié du XXe siècle amorcent les mutations profondes : avec la disparition progressive des industries lourdes, des activités inédites viennent combler les vides, dans un perpétuel mouvement de reconversion. L’explosion du secteur tertiaire et la floraison des sièges sociaux modifient à leur tour la physionomie urbaine.

La reconstruction de l’après-guerre

La ville est durement touchée durant la guerre par quatre bombardements en 1942 et 1943 visant les usines Renault, si bien qu’un projet de reconstruction et d’aménagement communal est établi dès 1948. Il prévoit la construction de nombreux logements, souvent à l’emplacement des anciennes usines, pour faire face à un nouvel essor démographique. C’est par exemple le cas des terrains Salmson, sur lesquels sont édifiés plus de 2.200 appartements dessinés par Fernand Pouillon (1962). La priorité est donnée aux établissement scolaires et équipements sportifs dans cette période marquée par la richesse de la vie associative et l’organisation des premiers jumelages dès 1955.

Le renouveau des années 1970 

À partir des années 1970, la ville est de nouveau transformée par de grands projets d’urbanisme. C’est l’époque des ZAC (Pont-de-Sèvres, Belle-Feuille, Silly, Point-du-Jour, Parc). La priorité est donnée aux logements sociaux et aux établissements scolaires mais aussi aux projets culturels (centre culturel, conservatoirebibliothèques annexes) et aux espaces verts, dont la superficie s’accroit considérablement avec au nord l’aménagement du Parc Rothschild (1982) et à Billancourt celui des Glacières (1978). Au début des années 1990, la désindustrialisation de Boulogne-Billancourt est achevée. Les usines Renault sont les dernières à fermer leurs portes en 1992. Les bâtiments sont alors détruits et les terrains assainis pour laisser place à un nouveau quartier avec logements, bureaux et équipements publics où œuvrent des architectes de renom (Dominique Perrault, Norman Foster, Jean Nouvel, etc.)

Ville d'art et d'histoire

Classée Ville d’art et d’histoire, Boulogne-Billancourt rend hommage aux talents qui ont forgé son patrimoine, avec comme règle pour les années futures : répondre au meilleur du passé par une exigence de bonne mémoire, d’excellence et de dynamisme.