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"Le start-up studio est une nouvelle façon d’entreprendre"

Véritable usine à innovations, Technofounders crée des start-up à l’aide de ressources partagées et d’équipes pluridisciplinaires et intervient principalement sur trois secteurs spécifiques, industriels, en France : la santé, l’agriculture, la chimie verte et les nouveaux matériaux. Aujourd’hui, 11 sociétés y ont été créées. Rencontre avec l'un des fondateurs, le boulonnais Pierre Le Blainvaux.

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BBI : Pourquoi avez-vous choisi Boulogne-Billancourt ?

Pierre Le Blainvaux : La société a été créée en 2014, nous avons grossi vite et nous nous sommes installés ici en 2017, rue Danjou, avec la conviction que nous avions trouvé le bon endroit. C’est une ancienne blanchisserie, comme une maison, idéale pour faire cohabiter différentes équipes. Nous avons tout à proximité : la place Marcel-Sembat, ses restaurants, mais aussi beaucoup de nos partenaires et même certaines de nos start-up qui ont pris leur autonomie, comme Digeiz. Enfin, à titre personnel, j’habite dans les immeubles Pouillon. Le jeune papa que je suis apprécie la vie ici, ce qui est fait pour les petits, beaucoup de parcs, la piétonisation. Tout ce qui évite de prendre la voiture… Et le BBI, bien sûr !

BBI : Comment est née Technofounders ?

P. L. B. : Nous avons fondé la société à trois, mon frère jumeau Olivier, Yves Matton et moi. Nous étions dans la même promotion à Polytechnique et notre envie de créer des entreprises est née à ce moment-là. Plutôt que de partir de zéro, nous sommes allés explorer les laboratoires de recherche, voir les nombreux projets sur lesquels travaillaient les chercheurs. Qui n’avaient pas pour autant envie de délaisser leurs travaux pour devenir concepteurs de produits ou chefs d’entreprise. L’idée a germé alors de développer ces projets, de proposer à ces chercheurs de cofonder avec eux une entreprise.

BBI : Où et comment trouvez-vous les projets que vous accompagnez ?

P. L. B. : Nous travaillons avec tous les grands organismes de recherche en France : CNRSCEAInrae, par exemple. Les chercheurs nous contactent souvent en direct aussi, car nous commençons à être reconnus. Nous entrons au capital de la société que nous cofondons, et sommes soutenus par différents investisseurs comme Bpifrance, des family offices, des business angels. Nos start-up lèvent aussi des fonds constamment, comme BioInspir*, qui est en train de le faire pour 4 millions d’euros, ou Ion-X, pour 2 millions d’euros l’année dernière.

BBI : Vous vous définissez comme entrepreneurs engagés…

P. L. B. : Le start-up studio est une nouvelle façon d’entreprendre, que nous appliquons à des objets spécifiques. Nous avons choisi de nous concentrer sur les sociétés à vocation industrielle à impact positif, car nous sommes convaincus que c’est le bon moyen de créer des emplois. Ces sociétés ont un ancrage physique, ne vont pas s’installer à l’étranger. Notre rôle consiste à les aider à concevoir les produits partant d’un concept technologique, à les accompagner dans la mise sur le marché, dans leur croissance, vers leur autonomie. Puis à se tourner vers d’autres projets.

BBI : Comment voyez-vous l’avenir de Technofounders ?

P. L.B. : Le modèle va évoluer, et accélérer. Nous allons nous ouvrir à de nouveaux domaines. Aujourd’hui, nous sommes dans l’agriculture, la chimie verte, les dispositifs médicaux, l’espace, la défense, l’IA. Nous lançons des initiatives dans le domaine des semi-conducteurs. Pour cela, nous devons pouvoir investir davantage, nous travaillons à de nouvelles structures pour être en mesure de déployer des montants de l’ordre de 100 millions d’euros. Nos projets sont industriels, souvent très techniques, il faut construire des usines en France, et aussi aller vendre les produits à l’international.

* BioInspir a reçu récemment le prix du magazine Challenges.